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Marxisme

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3 mai 2019

Conseils de lectures marxistes

Voici quelques conseils de lecture pour comprendre le marxisme et le communisme, dans leurs aspects politiques, théoriques et historiques :

 

1) Textes de base

Karl Marx et Friedrich Engels : Manifeste communiste

Rosa Luxemburg : La Révolution russe (dans le recueil Le But final, textes politiques, éditions Spartacus, 2016)

Karl Marx : Travail salarié et capital

Rosa Luxemburg : Réforme sociale ou révolution ?

Karl Marx : Le Capital

 

2) Approfondissement

Karl Marx : Manuscrits de 1844

Karl Marx : L'Idéologie allemande

Rosa Luxemburg : La Crise de la social-démocratie (« Brochure de Junius »)

Karl Marx : Grundrisse

Critique Sociale : Rosa Luxemburg et la grève de masse

Guy Debord : La Société du spectacle

Rosa Luxemburg : Masse et chefs

Franz Mehring : Vie de Karl Marx

Rosa Luxemburg : Le Socialisme en France

Paul Lafargue : Le Droit à la paresse

Maximilien Rubel : Marx critique du marxisme

Rosa Luxemburg : Introduction à l'économie politique

Anton Pannekoek : Les Conseils ouvriers

Friedrich Engels : L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat

Rosa Luxemburg : L'Accumulation du capital

Paul Mattick : Marx et Keynes

Herbert Marcuse : L'Homme unidimensionnel

Victor Serge : Le Nouvel impérialisme russe

Paul Frölich : Rosa Luxemburg

Michel Cordillot : Eugène Varlin, internationaliste et communard

Oskar Anweiler : Les Soviets en Russie

Rosa Luxemburg : A l'école du socialisme

Karl Marx : Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte

 

Marx-Pléiade-3

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7 avril 2019

Les marxistes et l’Union européenne

L’Union européenne (UE) est une création des principaux États d’Europe, pour organiser et réguler la concurrence entre eux, la concurrence capitaliste au sein de cet espace économique. Il est important de ne pas négliger qu’en aucun cas l’UE n’a été créée pour mettre fin à la concurrence, mais bien pour développer les échanges commerciaux, ce qui peut passer selon les cas par des coopérations, mais aussi par des affrontements directs d’intérêts contradictoires, au cours desquels les différents chefs de gouvernements se font les simples porte-paroles des intérêts du patronat, ou d’une partie du patronat, de l’État qu’ils dirigent.

Même s’il existe un parlement européen dont les députés sont élus dans chaque État, cette institution a moins de pouvoir que le Conseil européen, qui est la simple addition des chefs de tous les États-membres. Souvent utilisée comme alibi par les États et capitalismes nationaux pour imposer des reculs sociaux, la politique menée par l’UE est en réalité une question de rapport de forces entre classes sociales.

 

Quelle attitude pratique doivent adopter les marxistes face au rassemblement d’États qu’est l’UE ? Pour l’envisager, il est nécessaire de revenir sur l’histoire des rapports entre l’idée de fédéralisme européen et le mouvement ouvrier.

Dès septembre 1870, un appel au nom des sections françaises de la Première Internationale appelle à fonder « les États-Unis d’Europe ». Immédiatement ensuite, le même texte en appelle à l’objectif d’une « République universelle ». Il y a déjà là une position qui va être classique pour des générations de révolutionnaires internationalistes, c’est-à-dire militer pour une unification politique fédérale de l’Europe afin de mettre fin aux guerres entre États européens, et à la fois ne considérer cela que comme une étape, avec un but final clairement mondialiste – qui est inséparable du marxisme.

En juillet 1914, Karl Liebknecht affirme dans un discours : « Notre but serait d’arriver à fonder les Etats-Unis d’Europe ».

En 1915, le Manifeste de la conférence internationaliste de Zimmerwald, dirigé contre la Première Guerre mondiale, s’adressait aux « prolétaires d’Europe », tout en se concluant sur le slogan communiste : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » Début 1924, le Parti communiste en France, alors marxiste et internationaliste, inclut dans son programme la mise en place « des États-Unis d’Europe ».

Pendant l’entre-deux-guerres puis encore par la suite, de nombreux marxistes mettent en avant la nécessité plus précise d’« États-Unis socialistes d’Europe ». On retrouve ce mot d’ordre rassembleur par exemple chez les socialistes révolutionnaires du Parti socialiste ouvrier et paysan, mais aussi chez les trotskistes, et jusqu’aux conseillistes du Groupe révolutionnaire prolétarien.

 

Plus largement, Karl Marx écrivait dans le Manifeste communiste de 1848 : « Les particularités et antagonismes nationaux des peuples s’effacent de plus en plus en même temps que se développent la bourgeoisie, la liberté du commerce, le marché mondial, l’uniformité de la production industrielle et les conditions de vie qui en résultent. Le prolétariat au pouvoir les fera disparaître plus radicalement encore. » (édition La Pléiade, tome 1, p. 180)

Marx disait aussi : « Je suis un citoyen du monde, et je travaille là où je me trouve ». De la même façon, les marxistes ne peuvent se sentir ni « français », ni « européens », mais citoyens du monde.

 

Cela nous amène à la position à adopter face à l’Union européenne aujourd'hui. Combattre les politiques antisociales menées au sein de l’UE est une nécessité. Pour des marxistes, cette lutte doit être menée sur des bases de lutte de classe et d’internationalisme.

Le mot d’ordre de « sortie de l’Union européenne », sans précision, ne peut être qu’un slogan réactionnaire. Sortir du cadre d’une Europe capitaliste pour revenir à une France capitaliste ne serait qu’un repli national, qui ne bénéficierait qu’à une partie du patronat français et à l’extrême droite, et serait néfaste aux travailleurs dans leur ensemble. Pour des marxistes, il s’agit de mettre en avant la nécessité d’unifier la classe travailleuse par-delà les frontières, aujourd’hui et maintenant. Il n’y a pas de programme plus réaliste. Il faut voir la réalité en face : les démagogues chauvins, qui hélas pullulent y compris dans les courants de la pseudo-gauche réellement confusionniste, sont nos ennemis politiques.

 

Il est vital pour la classe travailleuse de s’organiser à un niveau au moins européen, plutôt que d’agir séparément. Il s’agit de lutter sur des bases claires, pour des salaires égaux, des droits égaux, des garanties sociales égales quelle que soit l’origine, la nationalité ou le genre des travailleuses et des travailleurs.

Cette indispensable solidarité de classe pour obtenir une harmonisation sociale par le haut n’est cependant qu’un premier pas, le développement par l’action commune de la conscience de classe pouvant permettre ensuite de remplacer le cadre politique capitaliste qu’est l’UE par une Europe des travailleurs, comme étape dans une perspective pleinement internationaliste et anticapitaliste.

Ce n’est pas sur un plan national, mais bien international que les prolétaires peuvent durablement vaincre les politiques qui leur sont opposées, et mettre fin au système de réalisation de profits au détriment des êtres humains et de l'environnement qu’est le capitalisme.

 

Nationalisme et résignation sont des éléments fondamentaux dans l’impuissance politique actuelle de la classe travailleuse. Se débarrasser des mythes chauvins est indispensable pour les travailleurs. Nos adversaires, ce sont avant tout le mode de production capitaliste et les frontières. L’objectif des marxistes ne peut être que de les briser, pour bâtir collectivement un monde solidaire et libéré du travail aliéné.

 

Affiche AIT septembre 1870

 

"Les prolétaires dans tous les pays ont un seul et même intérêt, un seul et même ennemi, une seule et même lutte devant eux ; les prolétaires sont déjà en grande partie exempts de préjugés nationaux, et toute leur culture et leur mouvement sont essentiellement humanitaires, anti-nationaux. Les prolétaires seuls peuvent abolir la nationalité" (Friedrich Engels, "Das  Fest  der Nationen  in  London", 1846, dans Marx-Engels-Werke, tome II, p. 614).

24 novembre 2017

1871 : Marx propose des sections féminines de la Première Internationale

En septembre 1871, Karl Marx proposait la formation de sections féminines de la Première Internationale, en plus des sections mixtes. Ci-dessous les extraits du compte-rendu de la Conférence de Londres de l'Association Internationale des Travailleurs, au cours de laquelle Marx fait cette proposition :

 Marx conf 1871 a

"Marx donne lecture de la proposition suivante, faite par le Conseil général à la Conférence :

"La Conférence, sur la proposition du Conseil général, recommande la fondation de sections de femmes parmi les ouvrières. Il est entendu que ceci n'empêche nullement la formation de sections mixtes."

Le citoyen Marx ajoute qu'il fait remarquer que la proposition porte : "sans exclusion des sections mixtes" ; il croit nécessaire la fondation de sections purement féminines dans les pays où l'industrie emploie des femmes en grand nombre, elles aimeront mieux se réunir entre elles pour discuter. Les femmes, dit-il, jouent un très grand rôle dans la vie : elles travaillent dans les usines, elles prennent part aux grèves, à la Commune, etc. Elles ont plus d'ardeur que les hommes. Il ajoute quelques mots par lesquels il rappelle la participation ardente des femmes aux événements de la Commune de Paris."

Marx conf 1871 b

Et dans les résolutions finalisées telles qu'elles furent publiées à l'issue de la Conférence, on la retrouve au numéro 5 :

"La Conférence recommande la formation de sections de femmes dans la classe ouvrière. Il est bien entendu que cette résolution ne porte nullement atteinte à l'existence et n'exclut en aucune façon la formation de sections composées de travailleurs des deux sexes."

conf AIT 1871

La préoccupation de Marx et de l'Internationale était donc à la fois de favoriser l'engagement et la liberté de parole et d'action des travailleuses, et en même temps que la création de ces sections non-mixtes ne conduise pas à exclure les femmes des autres sections de l'AIT. Il s'agissait donc d'allier mixité et non-mixité, pour atteindre le but d'auto-émancipation mondiale de toutes et tous les exploité-e-s.

1 août 2008

Les manuscrits de Marx sur la Commune de 1871

On connaît trop peu les manuscrits de Karl Marx sur la Commune de Paris de 1871. Ces textes ont été écrits pendant les évènements eux-mêmes, à la fin d’avril et en mai 1871. Marx a ensuite - après l’écrasement de la Commune par l’armée versaillaise - rédigé le texte final de La Guerre civile en France, achevé le 30 mai 1871, adopté par le conseil général de l’Association Internationale des Travailleurs, puis imprimé par l’AIT en juin.

 

 

Ces travaux préparatoires à La Guerre civile en France n’ont été publiés pour la première fois qu’en 1934, et restent malheureusement difficiles à trouver en traduction française. Pourtant, leur lecture est parfois aussi instructive et stimulante que les textes d’autres manuscrits de Marx, comme les Thèses sur Feuerbach, les Grundrisse, les Manuscrits de 1844, etc.

 

Nous en donnons donc quelques extraits, en espérant qu’un éditeur en assurera la réédition intégrale prochainement (en refaisant la traduction, à partir des manuscrits originaux).

 

 

- Extraits du premier essai de rédaction :

 

 

La Commune, « c’est le peuple agissant pour lui-même et par lui-même. »[1]

 

 

« La Commune a ordonné que les deux guillotines, l’ancienne et la nouvelle, fussent brûlées publiquement »[2]. Marx avait depuis longtemps affirmé son opposition à la peine de mort (voir son article « La peine capitale » dans le New York Daily Tribune du 18 février 1853[3]).

Pour Marx, la Commune est l’antithèse du second Empire et du pouvoir d’État :

« Ce pouvoir d’État est, en fait, la création de la bourgeoisie ; il fut l’instrument qui servit d’abord à briser le féodalisme, puis à écraser les aspirations des producteurs, de la classe ouvrière, vers leur émancipation. Toutes les réactions et toutes les révolutions n’avaient servi qu’à transférer ce pouvoir organisé – cette force organisée pour maintenir en esclavage le travail – d’une main à une autre, d’une fraction des classes dominantes à une autre. Il avait été pour les classes dominantes un moyen d’asservissement et de lucre. Il avait puisé des forces nouvelles dans chaque changement nouveau. Il avait servi d’instrument pour briser tout soulèvement populaire, pour écraser les classes laborieuses après qu’elles eurent combattu et reçu l’ordre d’assurer le transfert de ce pouvoir d’un groupe de ses oppresseurs à un autre groupe. Ce ne fut donc pas une révolution contre telle ou telle forme de pouvoir d’État, légitimiste, constitutionnelle, républicaine ou impériale. Ce fut une révolution contre l’État lui-même, cet avorton surnaturel de la société ; ce fut la reprise par le peuple et pour le peuple de sa propre vie sociale. Ce ne fut pas une révolution faite pour transférer ce pouvoir d’une fraction des classes dominantes à une autre, mais une révolution pour briser cet horrible appareil même de la domination de classe. »[4]

 

 

« La Commune se débarrasse totalement de la hiérarchie politique et remplace les maîtres hautains du peuple par des serviteurs toujours révocables, remplace une responsabilité illusoire par une responsabilité véritable, puisque ces mandataires agissent constamment sous le contrôle du peuple. Il sont payés comme des ouvriers qualifiés »[5]

 

 

« La Commune ne supprime pas les luttes de classes, par lesquelles la classe ouvrière s’efforce d’abolir toutes les classes et, par suite, toute domination de classe […] mais elle crée l’ambiance rationnelle dans laquelle cette lutte de classes peut passer par ses différentes phases de la façon la plus rationnelle et la plus humaine. »[6]

 

 

« Le fait que la révolution est faite au nom et dans l’intérêt déclaré des masses populaires, c’est-à-dire des masses productrices, c’est un trait que cette révolution a en commun avec toutes celles qui l’ont précédée. Le trait nouveau, c’est que le peuple, après le premier soulèvement, ne s’est pas désarmé et n’a pas remis son pouvoir entre les mains des saltimbanques républicains des classes dirigeantes ; c’est que, par la formation de la Commune, il a pris dans ses propres mains la direction effective de sa révolution et a trouvé en même temps, en cas de succès, le moyen de la maintenir entre les mains du peuple lui-même, en remplaçant l’appareil d’État, l’appareil gouvernemental des classes dominantes, par son appareil gouvernemental à lui. »[7]

 

 

Marx critique les conceptions du socialisme "par en haut", conceptions de ce que l’on appelle le "socialisme utopique" :

« Tous les fondateurs de sectes socialistes appartiennent à une période où la classe ouvrière elle-même n’était pas suffisamment entraînée et organisée par le développement même de la société capitaliste pour faire sur la scène mondiale une entrée historique, à une période où, d’ailleurs, les conditions matérielles de son émancipation n’étaient pas suffisamment mûres dans le vieux monde lui-même. Sa misère existait, mais les conditions de son propre mouvement n’existaient pas encore. Les fondateurs de sectes utopistes, tout en annonçant, par leur critique de la société de leur temps, le but du mouvement social, l’abolition du salariat et de toutes ses conditions économiques de domination de classe, ne trouvaient ni dans la société même les conditions matérielles de sa transformation, ni dans la classe ouvrière le pouvoir organisé et la conscience du mouvement. Ils essayaient de pallier les conditions historiques du mouvement par des tableaux et des plans chimériques d’une nouvelle société ; en propager l’idée leur paraissait le véritable moyen de salut. A partir du moment où le mouvement de la classe ouvrière devint une réalité, les chimères utopiques s’évanouirent non point parce que la classe ouvrière avait abandonné le but indiqué par ces utopistes, mais parce qu’elle avait découvert les moyens réels d’en faire une réalité. »[8]

 

 

« Proclamant hautement ses aspirations internationalistes – parce que la cause du producteur est partout la même et que son ennemi est partout le même, quel que soit son vêtement national[9] – Paris a proclamé le principe de l’admission des étrangers à la Commune, il a même élu un ouvrier étranger (membre de l’Internationale) à son Exécutif ».[10]

 

 

Extraits du second essai de rédaction :

 

Ce second essai de rédaction est à la fois plus court que le premier, et bien plus proche du résultat définitif.

 

 

« Mais la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre telle quelle la machine de l’État et de la faire fonctionner pour son propre compte. L’instrument politique de son asservissement ne peut servir d’instrument politique de son émancipation. » ; « L’énorme parasite gouvernemental, qui enserre le corps social comme un boa constrictor dans les mailles universelles de sa bureaucratie, de sa police, de son armée permanente, de son clergé et de sa magistrature, date du temps de la monarchie absolue. »[11]

 

 

« Peut-être la Commune de Paris tombera-t-elle, mais la révolution sociale qu’elle a entreprise triomphera. Son lieu de naissance est partout. »[12]

 


 

[1] Karl Marx, La Guerre civile en France, 1871 - édition nouvelle accompagnée des travaux préparatoires de Marx, éd. sociales, 1968, p. 192.

 

[2] Idem, p. 202.

 

[3] Traduction en français dans Karl Marx, Œuvres tome IV, Bibliothèque de la Pléiade, 1994, pp. 700-703.

 

[4] La Guerre civile en France, 1871 - édition nouvelle accompagnée des travaux préparatoires de Marx, pp. 211-212.

 

[5] Idem, p. 214.

 

[6] Idem, pp.215-216.

 

[7] Idem, pp. 223-224.

 

[8] Idem, pp. 224-225.

 

[9] Marx a indiqué deux possibilités de rédaction pour ce corps de phrase : « quelle que soit sa nationalité », ou « quel que soit son vêtement national ».

 

[10] Idem, p. 226. 

 

[11] Idem, p. 257.

 

 

[12] Idem, p. 264.

 

4 janvier 2008

Marxisme et démocratie

"Le communisme et le socialisme, pour tendre vers la démocratie authentique dépourvue de toute empreinte de classe, doivent conserver et accroître comme un bien précieux les éléments de démocratie historiquement acquis dans la lutte des classes" (Cercle Communiste Démocratique, 1931).

Il faut d'abord rappeler que la conquête des garanties démocratiques actuelles ont été obtenues par des luttes, avec la participation des marxistes et des autres socialistes : en particulier le vote des femmes, ainsi que le suffrage universel (et non plus censitaire).

En particulier, Karl Marx et Friedrich Engels ont milité pour la démocratie - on peut rappeler par exemple leur soutien actif au chartisme (qui était un mouvement populaire britannique pour le suffrage universel). Cet engagement n'avait rien de passager, puisque "à chaque période de sa carrière politique, on voit Marx combattre inlassablement pour les libertés démocratiques" (Maximilien Rubel, "Le concept de démocratie chez Marx", Le Contrat social, 1962).

En 1846, Engels voit le communisme comme la conséquence logique de la conquête de la démocratie. Il écrit ainsi : "La démocratie c'est aujourd'hui le communisme", "les masses démocratiques peuvent être comptées sans peine dans le calcul des effectifs communistes". Enfin, il considère que "les prolétaires de toutes les nations commencent, sans grand tapage, à fraterniser réellement sous la bannière de la démocratie communiste" (Rheinische Jahrbücher zur gesellschaftlichen Reform n° II, 1846, traduction française dans Karl Marx, Œuvres tome 4, Bibliothèque de la Pléiade, 1994, pp. 1389-1390).

Le marxisme observe que les élans vers la démocratie ont principalement lieu pendant les périodes révolutionnaires, qui sont des tentatives plus ou moins abouties en ce sens, évidemment jamais parfaites - nous n'avons de toute façon aucun exemple du passé à reproduire tel quel.

Mais, au-delà des lacunes importantes qui restent en matière de démocratie, et qui devront être dépassées pour atteindre une véritable démocratie politique, il n'existe toujours pas de "démocratie économique", concept qui est contradictoire avec les principes du capitalisme. La lutte pour la démocratie doit donc nécessairement s'accompagner de la lutte sur le terrain social.

Selon Rosa Luxemburg, "le sort de la démocratie est lié au sort du mouvement ouvrier". Il est donc du devoir des marxistes que de défendre et de développer la démocratie.

La démocratie est en effet indispensable à l'objectif fondamental du marxisme : la constitution d'une communauté humaine mondiale, débarrassée de toute forme d'oppression.

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17 août 2007

Les bases du marxisme

Le marxisme est une pensée critique, mais pas un "système" : "je n'ai jamais établi de "système socialiste"" écrivait Karl Marx dans ses Notes critiques sur Adolph Wagner (1880). Le marxisme est une analyse en évolution du monde tel qu'il est, une méthode qui doit lier intimement pratique et théorie.

Voici les principaux fondamentaux du marxisme :

* L'opposition à un système économique inégalitaire, basé sur l'aliénation, l'exploitation du plus grand nombre (par le système du salariat), et dirigé vers la réalisation de profit pour quelques uns, et non vers la satisfaction des besoins de tous. Il s'agit du capitalisme, mais on peut évidemment imaginer d'autres systèmes présentant les mêmes caractéristiques essentielles, auxquels les marxistes s'opposeraient également.
Pour la transformation de la société, le marxisme estime nécessaire un processus révolutionnaire permettant d'arriver à une société basée sur la coopération et la gratuité.

* "L'émancipation des travailleurs doit être l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes" - principe inhérent au véritable marxisme, qui implique la démocratie et l'auto-émancipation, ainsi que la démocratie comme élément fondateur indispensable pour une nouvelle société (que l'on appelle socialisme ou communisme), société à construire, débarrassée des différentes formes de domination.

* L'internationalisme, qui est à la fois le constat de l'intérêt commun des travailleurs du monde entier et de la nécessité de la lutte au niveau mondial, et l'objectif du dépassement des nations dans une communauté humaine mondiale.

* La connaissance et l'analyse de l'Histoire (conception matérialiste de l'histoire).

* Le constat de l'existence de classes sociales qui divisent les hommes et les femmes en différents segments de population ; le constat des profondes inégalités et injustices entre ces classes ; et le constat que tant que la division de la société en classes existera, il y a aura des luttes entre ces classes (lutte des classes).
En conséquence, tout en participant actuellement à la lutte de classe des travailleurs, les marxistes militent pour une réorganisation de la société visant à la fin des classes sociales.

* Le libre exercice de l'esprit critique. "Doute de tout" disait Marx, le but étant de connaître la réalité telle qu'elle est, pour mieux la comprendre et ainsi la transformer.

Ces principes, ou certains d'entre eux, peuvent parfaitement être partagés par d'autres théories politiques et sociales : si c'est le cas, évidemment tant mieux ! Le marxisme ne cherche pas à s'isoler, tout au contraire : le but est de contribuer à la constitution d'un mouvement d'ensemble de la société pour créer "une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous" (Karl Marx, Manifeste Communiste).

Communist manifesto SPGB

"Le prolétariat peut et doit se libérer lui-même. Toutefois, il ne peut se libérer lui-même sans abolir ses propres conditions d'existence. Il ne peut abolir ses propres conditions d'existence sans abolir toutes les conditions d'existence inhumaines de la société actuelle que sa propre situation résume." (Karl Marx)

16 août 2007

Misères de la dialectique

Le fait d'introduire la dialectique de Hegel au sein du "marxisme", alors que Marx s'en était clairement détaché (et même a basé sa propre pensée sur une critique sévère de la pensée de Hegel, en particulier par sa rupture avec les "jeunes hégéliens"), a été un facteur important d'une complexification du "marxisme", et d'erreurs politiques nombreuses.

Certains pseudo-marxistes ont même inventé et répandu le terme de "matérialisme dialectique", évidemment jamais employé par Marx, qui a servi à recouvrir des théories fumeuses et parfois difficilement compréhensibles (cette expression fallacieuse a en particulier été utilisée par divers staliniens). Cela a servi les bureaucraties qui l'ont employé, car si la "direction" possède une théorie complexe qu'on ne comprend pas (et pour cause !), il est difficile de contester ses orientations politiques. Les partis bureaucratiques s'étant abusivement revendiqués du marxisme ont largement utilisé cette ficelle pour étouffer l'esprit critique des militants, réduits à de simples exécutants d'une politique non marxiste (et souvent anti-marxiste) décidée par quelques "chefs" soucieux de perpétuer leur propre position de pouvoir (et de permanents politiques).

Sans faire nôtre des erreurs du passé, il nous faut évidemment comprendre la réalité avec ses contradictions, ainsi que les mouvements et les transformations à l'oeuvre dans la société. Pour cela, nul besoin de confondre le marxisme avec l'hégélianisme.

Exclusivement consacré au sujet, ce site très argumenté d'une marxiste britannique : Anti-Dialectics

13 juillet 2007

Définition du marxisme

Pour plus de détails, lire : Les bases du marxisme.

Le marxisme est un courant politique de gauche inspiré par Karl Marx. Le marxisme contient à la fois une explication de la société capitaliste et une critique de celle-ci.

L'élément central du marxisme réside dans le constat que les moyens de production (entreprises) sont contrôlés par des minorités dominantes ("bourgeoisie" ou "classe capitaliste" dans le cas du capitalisme, "aristocratie" dans le cas du féodalisme...). Les classes sociales dominantes contrôlent le pouvoir politique et l'utilisent pour perpétuer leur position dans la société. La domination politique trouve donc sa cause première dans la domination économique d'une classe sociale sur les autres.

Le deuxième élément important de la pensée du marxisme est qu'il existe une alternative à la société divisée en classes : la propriété collective des moyens de production, c'est-à-dire une société sans classe sociale. Pour passer du capitalisme au socialisme ou communisme (une société sans État et sans classe sociale), les marxistes estiment que des luttes menées par les classes populaires sont nécessaires.

Le but du marxisme est de supprimer les causes des inégalités et de l'exploitation - notamment le système du salariat, "esclavage moderne" selon Marx. L'objectif est d'arriver à "une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous".

Les principaux marxistes ont été Karl Marx, Friedrich Engels, Rosa Luxemburg...

Le marxisme se base sur les mobilisations auto-organisées par les travailleuses et travailleurs, sur l'internationalisme, le débat au sein des Assemblées générales, l'autogestion, etc.

 

15 juin 2007

La conception matérialiste de l'histoire

Pour pouvoir participer à la transformation du monde par et pour l'immense majorité, il faut connaître et comprendre le monde dans sa complexité. Le marxisme se base notamment sur une connaissance et une analyse des divers aspects de l'histoire, en adoptant une conception matérialiste de l'histoire.

Il y a évidemment une part d'aléatoire dans l'histoire, de même qu'une influence de tels ou tels individus particuliers. Mais ce qui est souvent le plus important, ce sont les rapports entre les classes sociales, l'évolution des modes de production, l'influence de changements lents et profonds sur des évènements particuliers et ponctuels. 

L'analyse matérialiste prend évidemment en compte la part d'irrationnel qu'il y a dans l'histoire. L'essence de la conception matérialiste de l'histoire, c'est de considérer les faits le plus précisément et objectivement possible, sans se laisser berner par les déclarations des prétendus "grands hommes" (et en particulier des dictateurs successifs).

Le marxisme s'attache donc à connaître le mieux possible l'histoire et ses divers aspects, en partant d'abord des faits matériels, en étudiant en particulier les grands mouvements populaires, les grands bouleversements sociaux.

Puisque l'objectif est la transformation du monde par le plus grand nombre, le plus grand nombre doit donc acquérir et améliorer les savoirs (notamment historiques), se forger son propre esprit critique, en dehors de tout esprit de clan ou de chapelle. C'est une condition indispensable de l'action collective d'émancipation.

25 mai 2007

Le marxisme n'est pas le léninisme

Voir ce texte du Socialist Party of Canada, parti d'extrême gauche membre du World Socialist Movement.

On ajoutera que Lénine s'est également largement inspiré des dirigeants sociaux-démocrates de l'époque (en particulier Kautsky), qui substituèrent à la pensée de Marx une simplification, un "marxisme vulgaire", pensée vidée de sa substance révolutionnaire réelle. 

Enfin, le marxisme ne doit certainement pas être confondu avec le "marxisme-léninisme", terme de propagande employé par les staliniens, qui désigne une pratique contre-révolutionnaire (le stalinisme) en tous points opposée au marxisme, et qui s'est révélée historiquement être un anti-communisme violent.

Concernant les politiques de répression dont se sont rendus coupables les gouvernements léninistes, on se souviendra de ce qu'écrivait Engels : "La terreur n'est en grande partie que cruautés inutiles perpétrées par des gens qui sont eux-mêmes effrayés, pour tenter de se rassurer." (lettre à Marx, septembre 1870)

(voir aussi cet article sur "Le léninisme et la révolution russe")

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